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Le blog qui doute !

19 août 2011

J'avais oublié que ce blog existait...

Désolée si depuis 2009, je n'ai rien posté. La raison en est simple : j'avais oublié jusqu'à l'existence du blog ! et là, depuis quelques semaines, me taraude l'idée d'en faire un... jusqu'à ce que je retrouve mes identifiants. 

Bon ben... je me (re)lance, alors.

Depuis 2009, j'ai pas mal évolué dans ma profession, de rempla en rempla, de CDD en CDD. Mais j'ai toujours autant besoin de raconter et de partager les histoires de mes clients et patients, parfois drôles, parfois agaçantes, souvent touchantes.

A bientôt, donc, et promis cette fois je ne vous oublie plus !

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31 mai 2009

Des lecteurs ! ô surprise !

Eh bien, je ne m'attendais pas à avoir des lecteurs si rapidement ! Pour une bonne surprise... :) Aujourd'hui, j'aimerais bien raconter un cas un peu plus tragique que le précédent, que j'ai rencontré lors d'un remplacement il y a quelques temps... Le cas d'Ugo, le pointer maigrichon. ------------------------- Donc, ce beau dimanche matin, je suis à la clinique en train de faire les soins aux animaux hospitalisés, lorsqu'un monsieur m'appelle pour me signaler que son animal souffre de ce qu'il pense être une piroplasmose. Il me décrit que l'animal est prostré, il ne sait pas depuis quand cela dure : je lui recommande d'amener son animal immédiatement. Lorsqu'il arrive, accompagnée de sa voisine qui se trouve être la femme du propriétaire de l'animal, il tient dans ses bras un pointer cachectique, complètement prostré. C'est un chien de chenil, la femme ne l'avait pas vu depuis la fin de la saison de la chasse, où il s'était fait taper par un sanglier, mais avait été soigné. D'habitude, c'est son mari qui s'en occupe et va le nourrir. Etant absent ce jour, la dame était allée au chenil, et avait retrouvé l'animal dans cet état, ce qui l'avait beaucoup choquée. L'examen clinique à l'admission révèle des muqueuses blanches, une fréquence cardiaque à 50 battements par minutes, une absence de pouls fémoral, une jugulaire plate, des convulsions partielles, une température rectale à 33°C. Il pèse 18kg alors que son poids d'entretien normal est de 26kg, et qu'il n'a jamais été gras. La dame, inconsolable, exige de savoir dans l'instant ce qui arrive à son animal. Alors, là, déjà... ce serait tellement chouette si les clients comprenaient qu'on n'est pas devins et qu'on a besoin de temps et de réflexion pour arriver à un diagnostic, sur un animal en si mauvais état en particulier. Là, ma priorité n'était bien entendu pas le diagnostic : Ugo était en train de mourir. Je tente de le lui expliquer, je réalise un devis rapide pour la réanimation, et je commence, avec son accord, les premiers soins. Je lance un bilan sanguin : le glucose est dans les chaussettes (0,08g/L, mon record personnel à ce jour), mais le reste ne va pas si mal, contrairement à ce que j'attendais. Par contre, l'hématocrite est à 19%, et pas moyen de réaliser un bilan ionique... pas le matériel. Dommage, j'aurais bien aimé savoir où on en était de ce côté-là (Na+, K+ notamment). Un autre truc marrant : je fais un frottis sanguin, et là surprise ! des bactéries (surtout bacilles) partout ! Dans les hématies, hors des hématies ! Une coloration faite uniquement sur lame propre a en fait permis de conclure que les bacs de coloration étaient pourris, et contenaient une population bactérienne monstrueuse qui contaminait tout. Donc, impossible de conclure. Je mets Ugo dans une cage bien isolée, à l'abri des courants d'air, et avec une bonne couverture en laine par-dessous et une couverture de survie par-dessus. Je le mets sous perfusion, et là, nouveau drame. J'aurais bien aimé le remplir vite, et le remplir de sucre par la même occasion. Mais dans cette clinique, il n'y a ni colloïdes, ni glucose... Seulement du G5 et du NaCl. Pratique ! Je fais donc une savante association NaCl/G5 par voie IV et sucre-de-la-cafetière-par-voie-orale, et je tente de brancher l'ECG, dans l'optique de faire de la dobutamine par la suite, pour relancer un peu ce coeur tout mou. Sauf que dans le coffret de l'ECG, il manque la moitié des câbles. Ne pas s'énerver... Tant pis pour l'ECG. Je retourne voir mon toutou, il s'est couché en rond dans sa cage sous ses couvertures, et il a arrêté de spasmer. Bieeen. Un nouvel appel téléphonique pour une nouvelle urgence qui fera l'objet, sans doute, d'un prochain message, me garde loin de mon petit Ugo pendant 20 min. A mon retour, il se lève (difficilement, mais quand même) en m'apercevant, bien content de me voir. Surprise ! Un nouvel examen clinique m'apprendra qu'il va bien, le compère Ugo. Il a retrouvé une fréquence cardiaque normale (comme quoi, penser à la dobutamine simplement, sans l'injecter, ça peut suffire :D), il est sorti de sa prostration, ses muqueuses sont un peu plus roses, et il a ... FAIM. Un peu étonnée, je lui propose une petite quantité d'A/D, qu'il mange sans retenue. La fin de cette histoire, c'est que Ugo n'a pas arrêté d'aller mieux au cours de cette journée. Il a fait quelques petits repas (heureusement que la lipidose hépatique ne touche pas trop les chiens, et que le A/D est bien pensé en termes de potassium), et a retrouvé des forces à une vitesse prodigieuse. Sa propriétaire, que j'ai revue en fin d'après-midi, cherchait néanmoins à me faire dire que son chien était atteint d'une maladie foudroyante, qui l'aurait attaqué subitement par derrière. Mon sentiment profond, néanmoins, c'est que ce chien était juste totalement dénutri, et 1h ou 2h plus tard, il serait mort de faim. Et donc, que le responsable n'était autre que son mari... par négligence au moins, malveillance au pire. Rassurée sur l'état de l'animal, elle me prévint que son mari allait m'appeler à son retour, pour avoir des renseignements. Effectivement à 21h, mon téléphone retentit, et c'est cette fois le propriétaire que j'ai en ligne directe. J'avoue que mon "bonsoir" a été un peu froid, et lui s'en est d'ailleurs complètement dispensé. - "Alors, il va comment le chien ? - Eh bien, je dirais que pour ce soir, ses jours ne sont pas en danger, mais remonter la pente va demander du temps c'est sûr. - Ah. Donc il va pas mourir, là ? - Pas pour l'instant non, je ne pense pas. - Ah. (déception perceptible) Mais je sais pas si je veux le garder, s'il est malade... - Vous savez Monsieur, la facture de la réanimation a déjà été réglée par votre femme, et rien de ce que je pourrais faire ce soir ne permettra de baisser la note. Je n'ai pas dépassé du devis convenu avec votre femme, donc je suggère que vous décidiez de la suite avec mes collègues demain. - Très bien, je rappellerai demain." * biiiiiiiiiip * Non mais... il croyait vraiment que j'allais euthanasier son chien là... non mais je vous jure. Au final, c'est bien ce qu'il a décidé de faire, en accord avec les vétos de la clinique, le lendemain. Et elles n'ont même pas eu la correction de me le dire. ----------------------------------------------------------------------- Ce cas était un peu déprimant, mais c'est bien pour ça que j'avais besoin d'en parler ! Heureusement, pendant la même garde, j'ai eu pleins de jolis cas sympathiques et qui vivront heureux pour toujours. Ce que j'ai retiré de ce cas : - La (énième) confirmation que la plus grande difficulté des remplas, c'est de ne pas pouvoir faire ce qu'on l'on voudrait, faute de matériel. En même temps, ça apprend à être adaptable, et dans ce cas, ça a bien marché ! - Un petit retour, à froid, sur ma loi de Poiseuille préférée (avec l'aide de Patrick) : Pression artérielle = Débit cardiaque x Résistance Artérielle Périphérique Mon petit Ugo, avec son pouls fémoral absent, ses muqueuses blanches et sa bradycardie, était plutôt en logique de vasoconstriction (Résistance Artérielle Périphérique normale, Débit Cardiaque altéré). Or le débit cardiaque dépend de la fréquence cardiaque et du volume d'éjection systolique, qui lui même dépend de la précharge et de l'inotropie. Donc l'urgent était d'agir sur son débit cardiaque : remplissage pour augmenter la précharge, et administration d'un inotrope positif (éventuellement d'un chronotrope positif, mais Starling n'aurait pas été content parce que ça aurait raccourci ma diastole). Par ailleurs, il était sans doute en logique de désensibilisation de ses récepteurs béta, parce qu'il devait cracher des cathécholamines depuis un bon bout de temps avant d'être retrouvé, en cherchant à lutter pour trouver ses dernières réserves. Du coup, si j'avais dû faire la dobutamine, il était à prévoir que je doive utiliser des doses importantes. - Je suis toujours aussi incapable d'euthanasier un chien dans lequel je me suis investie émotionnellement. C'est pas bien. Ou est-ce bien ? J'en sais rien en fait. En tous cas, pour moi, le fait qu'Ugo était en vie le matin à 8h quand je suis partie, est une victoire. Après, je ne peux pas être responsable des décisions des autres, n'est-ce pas ?
29 mai 2009

Bubbly, Denahy et Divine, les labradors magiques

Imaginez un élevage familial de labradors, avec actuellement une vingtaine d'individus vivant en harmonie dans un grand terrain herbeux et ombragé... jusqu'au drame. Ca ferait presque un bon film, et en tous cas, ça fait un bon cas clinique. Amis invisibles, enjoy ! ---------- Divine appartient à un élevage familial de Labrador et Golden Retrievers, et est présentée à la consultation pour une dermatose croûteuse peu prurigineuse, d’allure contagieuse, évoluant depuis 3 semaines dans l’élevage. Il vit en communauté avec les 20 autres chiens de l’élevage sur un terrain herbeux et ombragé, et 8 chiens (âge : 5 mois à 9 ans) présentent ou ont présenté les mêmes signes cliniques. Les premiers signes dermatologiques sont apparus chez une femelle adulte de l’élevage il y a 3 semaines, à la suite d’une piroplasmose. Dans la semaine qui a suivi, plusieurs chiens ont ensuite déclaré les mêmes symptômes : apparition sur le cou ou la tête de lésions de forme ronde, érythémateuses, suintantes puis croûteuses, d’apparition rapide et de résolution tout aussi rapide (5-12 jours). L’apparition de ces signes a été concomitante au déclenchement d’un ramollissement des selles de la quasi-totalité des chiens, allant dans certains cas jusqu’à la diarrhée. Les propriétaires précisent qu’ils ont changé l’alimentation de tous leurs chiens quelques jours avant le début des troubles, en passant d’une alimentation Royal Canin Maxi Adult à une alimentation Royal Canin Medium Adult, sans transition alimentaire et sans modifier le volume distribué. Ils rapportent une prise de poids générale de tous leurs chiens après ce changement. Un traitement à base d’antibiotiques (CLAMOXYL aux doses recommandées) a été prescrit par le vétérinaire traitant, ainsi qu’une désinfection à la povidone iodée (VETEDINE solution). Par ailleurs, les chiens sont vermifugés tous les mois jusqu’à 6 mois au STRONGID puis 2 fois par an au SYNANTHIC. Les propriétaires rapportent également un épisode de teigne ayant affecté leur élevage il y a plusieurs années, et dont le traitement avait été drastique et efficace. Examen clinique : Divine est en bon état général, aucune anomalie des grandes fonctions n’est observée. En particulier, les nœuds lymphatiques ne sont pas augmentés, et la température rectale est normale. Examen dermatologique : Divine présente deux lésions rondes, partiellement dépilées et légèrement érythémateuses, surmontées par endroit de croûtes épaisses jaunes et de comédons. Hypothèses diagnostiques : - Dermatite pyotraumatique : l’aspect des lésions, la race et le mode d’apparition et d’évolution nous orientent vers une hypothèse de dermatite pyotraumatique, consécutive à des piqûres de puces ou à un excès alimentaire. Cependant, ce type de dermatose est en général très prurigineuse et accidentelle, et il est étonnant qu’elle apparaisse sur un si grand nombre de chiens dans un laps de temps si court. Cela peut être expliqué par le changement alimentaire sans transition et l’excès énergétique qui en a résulté. - L’aspect rond et dépilé des lésions, l’atteinte folliculaire et l’apparente contagiosité, sont en faveur d’une hypothèse de dermatophytie. Cependant, l’apparition et la résolution rapide des lésions sans mise en place d’un traitement antifongique rend cette hypothèse peu probable. Il convient néanmoins de l’infirmer totalement par une culture dermatophytique. - L’aspect rond des lésions, l’atteinte folliculaire et la localisation des lésions (atteinte faciale chez les adultes, péribuccale chez les jeunes) sont en faveur de l’hypothèse de démodécie. L’apparition brutale des lésions peut être expliquée par la baisse d’immunité consécutive au changement alimentaire et aux troubles digestifs qui en ont résulté. Par contre, la résolution rapide des lésions et le fait que des animaux importés dans l’élevage soient également touchés est en défaveur de cette hypothèse. Examens complémentaires : - Cytologie sous-crustacée : une très faible quantité de matériel suintant est récoltée, puis colorée au RAL et observée, révélant la présence de quelques coques et de quelques granulocytes neutrophiles. Aucune image de phagocytose n’est visible. - Brossage : présence de déjections de puces en nombre modéré. - Trichogramme : absence de Démodex, absence de franche image de colonisation dermatophytique. Bonne répartition anagène/télogène. Certains poils ont une extrémité en pinceau. - Coproscopie parasitaire : RAS et fonctionnelle : RAS. - Examen en lumière de Wood : négatif. - Tapis pour culture dermatophytique : en attente des résultats. Une dermatite pyotraumatique consécutive au changement alimentaire sans transition et à la pulicose est suspectée. Selon cette hypothèse, l’apparente contagiosité serait à mettre en relation avec le fait que les animaux touchés partagent le même mode de vie et la même alimentation. Un traitement antiparasitaire externe est conseillé pour tous les animaux (ADVANTIX 1 fois par mois), ainsi que la révision de la dose d’aliment à distribuer. Le maintien de la désinfection locale à la VETEDINE solution est également prescrit. Un contact téléphonique est prévu dans 15 jours pour voir l’évolution de la situation et vérifier l’absence de nouveaux signes cliniques qui remettraient en cause ce diagnostic. ---------------------------------------- Moi je dis, on verra bien. Mais j'avoue qu'aucune de mes hypothèses ne me satisfait. D'ailleurs, en fait, je n'ai aucune idée de ce qui se passe dans cet élevage. J'aurais bien aimé trouvé quelques parasites bizarres dans les selles. J'aurais beaucoup aimé qu'ils se grattent, j'aurais cherché des Sarcoptes. Mais là... c'est le flou complet. Et en même temps, c'est plutôt sympa comme cas !
29 mai 2009

Bon, ben je me lance.

Je ne pensais pas faire un blog un jour. D'ailleurs, je ne sais pas si je vais persister dans cette voie. Mais j'ai besoin de partager ces choses merveilleuses que je vois au quotidien, et que mon entourage est fatigué d'entendre, je le crains fort :D Donc, me voilà partie pour parler de pustules, de papulo-croûtes et de pemphigus foliacé. Et pourquoi pas aussi, de la gestion des clients difficiles (sisi, ça existe) et de mes projets pour l'avenir. Je prends conscience que je devrais plutôt me lancer dans la rédaction d'un journal intime, en fait... mais ça m'ennuie que tous ces beaux cas cliniques soient perdus à jamais ! Alors profitez-en, amis invisibles, et posez les questions ou faites les suggestions que vous voulez, j'en serai ravie.
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